Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/71

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Cela est excellent, répondit gravement le juge. Mais dites-moi, continua-t-il en parlant au greffier, n’y avoit-il pas une autre condition que cet homme devoit accomplir en revenant de son bannissement. Je ne m’en souviens pas bien, dit le greffier, mais je crois qu’il y avoit quelque chose. J’étois condamné, reprit Savantivane, à vous amener, pour remplacer mon frère, un homme excellent en ignorance : le voilà, dit-il en présentant le jeune prince qui n’entendoit rien à tout ce discours, & je puis vous vanter ce jeune homme pour le meilleur sujet que vous puissiez connoître ; il n’a jamais lu dans aucun livre sérieux ; il ignore son véritable nom ; il ne connoît ni son père ni sa mère, & ne sait pas dans quel pays il est né ; il n’a nulle connoissance du chemin par où il est venu ici, ni de combien cette ville est éloignée de celle d’où il est parti ; enfin il ne sait pas notre langue, & ainsi il n’entendra pas un mot de ce qu’on lui voudra dire.

À ces derniers mots, tous les jeunes sénateurs sautèrent au cou de Prenany ; chacun lui témoigna la plus sincère amitié & la plus parfaite estime, & le plus apparent des jeunes sénateurs fit monter dans son char Savantivane & Prenany, pour les mener à son palais.

Le vieillard pria secretement le jeune