Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/87

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une chose qui me chagrine plus que tout le reste. C’est la vérité, dit le page, & la saison s’en passera sans qu’elle ait eu la satisfaction d’en avoir. Je veux lui en porter, dit le prince (il savoit l’effet que produit sur le cœur d’une femme une petite fantaisie satisfaite), nous en acheterons au premier village, & je trouverai bien moyen de les lui faire tenir, malgré tous les Dondiniens du monde. Allons, partons dès ce moment, ajouta le prince, & courons mériter ma grace & la princesse, en délivrant Amazonie.

Cependant, dit Agis, n’avez-vous pas quelques adieux à faire dans la ville que vous quittez ? Ma foi non, dit le prince, cela nous retarderoit. Mais, reprit le page, cela ne sera pas trop poli. Bon, répondit Prenany, ce sont des gens qui font gloire de ne rien savoir ; il faut leur laisser le plaisir d’ignorer ce que je serai devenu. A ces mots, le prince se leva, & se mit en marche avec Agis

En chemin, il demanda au page s’il y avoit bien loin du lieu où ils étoient, à Amazonie, & s’il ne falloit point passer par un désert impraticable. Il y a au plus trente lieues d’ici à la ville, répondit Agis, & si vous avez passé par un désert, vous avez pris le mauvais chemin. La route que j’ai suivie en venant ici, est char-