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AU GRÉ DE L’ONDE




I


Mon plus grand plaisir était d’aller, tous les matins, lire quelques pages de l’Art d’aimer d’Ovide, sur les rives ombreuses de la Reliane, affluent du Cher.

J’en aurais eu un plus grand encore à mettre en pratique cet art divin avec la blonde Jeanne, la fille du meunier de Frépignon, mais la mutine déjouait toutes mes tentatives avec un air candide où il entrait certainement plus de science féminine que d’innocence.

Obligé de m’en tenir provisoirement à la théorie, bien loin d’abandonner la partie, je n’en faisais que plus assidûment, tous les jours, ma promenade matinale jusqu’aux abords du moulin, en compagnie de mon poète favori, que je consultais comme un oracle.