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était comprise dans la Lithuanie. Et la Lithuanie s’unit à la Pologne.

Or l’Ukraine s’unit à la Pologne, comme une sœur s’unit à sa sœur, un peuple slave à un autre peuple slave, indivisiblement mais sans se mêler, à l’image des trois hypostases de Dieu, unies et distinctes, comme s’uniront dans l’avenir toutes les nations slaves entre elles.

L’Ukraine n’aimait ni le tzar, ni les seigneurs ; elle créa ses cosaques, c’est-à-dire une confrérie véritable, dans laquelle chacun des membres était frère des autres, qu’il eût été auparavant serf ou seigneur, pourvu qu’il fût chrétien. Et tous les cosaques étaient égaux entre eux ; les anciens étaient élus aux assemblées et ils devaient servir tout le monde, selon la parole du Christ. Et il n’y avait chez les cosaques ni titres, ni pompes seigneuriales.

Et ils se proposèrent de conserver la pureté chrétienne. C’est pourquoi le vieux chroniqueur dit en parlant des cosaques : « On n’entend pas parler chez eux de vol et de fornication. »

Or les cosaques prirent pour mission de défendre la sainte foi et de délivrer leur prochain de l’esclavage. C’est pourquoi l’hetman Svirhovsky alla défendre la Valachie et que les cosaques refusèrent la coupe remplie d’or qu’on leur offrait pour leurs services ; ils ne la prirent pas parce qu’ils versaient leur sang pour la foi et pour le prochain et qu’ils servaient Dieu et non pas des idoles d’or.

Et Sahaïdatchny alla à Kafa qu’il détruisit et où il délivra plus de dix mille captifs d’une prison souterraine perpétuelle.

Et il y eut beaucoup d’autres chevaliers qui firent de même, sans que leurs exploits aient été rapportés par aucun livre de ce monde, mais ils sont inscrits au ciel, car les prières de ceux qu’ils avaient délivrés de la captivité ont intercédé pour eux devant l’Éternel.

Aussi la classe des cosaques croissait-elle et se multipliait-elle de jour en jour, et, sous peu, tout aurait été cosaque en Ukraine, tous auraient été libres et égaux, l’Ukraine n’aurait eu pour la gouverner d’autre tzar, ni d’autre seigneur que Dieu lui-même. Et à l’exemple de l’Ukraine il en serait advenu de même à la Pologne et ensuite aux autres pays slaves.

Car l’Ukraine ne désirait pas marcher dans les traces des autres nations et suivait la loi de Dieu. Aussi tout étranger voya-

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