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Les moines, les popes, les archipopes,
Pour qu’ils apprissent à s’occuper de leurs ouailles,
Au lieu de courir après les écus,
Et d’aller se balader avec leurs femmes,
Et qu’ils ne s’occupent que de leur église,

Les prêtres catholiques, pour qu’ils ne brament pas comme des cerfs en rut

Et les sages, pour qu’ils ne cherchent pas à dépendre les étoiles,
Tous étaient là dans le feu, tout au fond.

Les pères, qui n’avaient pas su élever leurs enfants,
Mais qui, leur caressant la tête,
N’avaient su que les louer,
Mijotaient dans des marmites de naphte.
Leurs fils, grâce à eux, étaient devenus des vauriens,
S’étaient dévergondés, n’avaient rien fait de bon,
Puis ils avaient battu leur père
Et désiré de toutes leurs forces
Que le vieillard mourût le plus tôt possible,
Afin d’avoir accès au coffre-fort.

Il y avait de tout : des idolâtres et des chrétiens,
Des seigneurs et des moujiks,
La noblesse et les bourgeois,
Des jeunes, et des vieux.
Il y avait des pauvres et des riches,
Des droits et des cagneux,
Des gens qui y voyaient et des aveugles,
Des employés d’état et des militaires,
Les serfs du fisc et ceux des seigneurs,
Il y avait des popes et des laïques.

Aïe ! Aïe ! Puisqu’il ne faut jamais cacher la vérité
Et que le mensonge engendre encore de plus grands maux —
Il y avait là aussi les poètes ennuyeux.
Les écrivassiers de vers licencieux ;
Ils y souffraient de grands tourments :
On leur avait lié les mains,
Comme s’ils étaient prisonniers des Tartares.
Ainsi, ça peut donc arriver à notre confrère,
Qui écrit sans faire attention ;
Il est si difficile de mettre un frein à sa plume.


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