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ANTHOLOGIE NÉO-ROMANTIQUE

dans un sentier tantôt hérissé de pierres énormes, tantôt creusé de profondes ornières, j’arrivai, harassé, les membres pantelants, le souffle brûlant devant un mur granitique qui me masqua tout à coup le rocher aux trois pointes.

Là, un vent léger m’apporta sa bienfaisante fraîcheur.

Je contournai le mur granitique. Devant moi, brusquement, tel un fantôme surgissant dans la nuit, le rocher mystérieux se dressa. Une ouverture béante et noire s’ouvrait en son milieu, véritable bouche géante de ce monstre de pierre.

Cette apparition soudaine me remplit d’effroi. Tout mon corps se mit à trembler convulsivement ; je voulus reculer et fuir, hélas ! ce fut en vain ; tout mouvement en arrière m’était impossible.

Pendant le court moment où je pus regarder derrière moi, je revis au lieu de l’affreux sentier qui m’avait conduit là, la masse verte de la forêt où j’avais goûté tant de délicieuses sensations. À la pensée que tout cela était à jamais perdu pour moi, je sentis des larmes couler, abondantes, et inonder mon visage ravagé, tandis que les regrets tenaillaient mon cœur déchiré.

Le rocher m’attirait, m’attirait plus irrésistiblement que jamais.

Quelques secondes encore et je fus dans la grotte.

Je suivis un étroit couloir. L’obscurité qui m’enveloppait diminua progressivement, puis disparut entièrement : une lumière opaque, à cet instant, éclairait le souterrain. Je regardai autour de moi et