Page:Antignac - Les Bouts, paru dans Le Caveau Moderne, 1808.djvu/3

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Croyant duper à la ronde,
Combien d’aigrefins bernés
Seraient jusqu’au bout du monde
Menés par le bout du nez !

Fuyons (Comus le conseille)
Ces gens à l’air important,
Qui, cachant le bout d’oreille,
Vous tirent à bout portant.
Aussi poltrons que des lièvres,
Ils savent, toujours prudens,
Boire avec le bout des lèvres,
Et rire du bout des dents.

L’amphitryon bon apôtre,
Quand il fait tout ce qu’il doit,
Doit placer, d’un bout à l’autre
Tous les plats au bout du doigt.
Lorsque son vin est potable,
Et lorsqu’on n’est pas debout,
N’aurait-on qu’un bout de table,
On tient toujours le bon bout.

C’est en vain que l’homme compte
Et veut joindre les deux bouts ;
L’or n’est pas, au bout du compte,
Fait pour les topinamboux.