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DANS L’ABRI-CAVERNE


Je me jette vers toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi

Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude

Et puis il y a aussi une contradiction qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir

En face de moi la paroi de craie s’effrite
Il y a des cassures

De longues traces d’outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine

Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce

Moi j’ai ce soir une âme qui s’est creusée qui est vide

On dirait qu’on y tombe sans cesse et sans trouver de fond

Et qu’il n’y a rien pour se raccrocher

Ce qui y tombe et qui vit c’est une sorte d’êtres laids qui me font mal et qui y viennent de je ne sais où