Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
À L’ITALIE


À Ardengo Soffici


L’amour a remué ma vie comme on remue la terre dans la zone des armées

J’atteignais l’âge mûr quand la guerre arriva
Et dans ce jour d’août 1914 le plus chaud de l’année
Bien abrité dans l’hypogée que j’ai creusé moi-même
C’est à toi que je songe Italie mère de mes pensées

Et déjà quand von Kluck marchait sur Paris avant la Marne

J’évoquais le sac de Rome par les Allemands
Le sac de Rome qu’ont décrit

Un Bonaparte le vicaire espagnol Delicado et l’Arétin

Je me disais
Est-il possible que la nation
Qui est la mère de la civilisation

Regarde sans la défendre les efforts qu’on fait pour la détruire