Page:Apollinaire - L’Enfer de la Bibliothèque nationale.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Avertissement.

« M. Henry Monnier répudie énergiquement la paternité de cette comédie.

« Que Joseph Prudhomme, à l’instar de l’Eumolpe de Pétrone, rougisse au moyen du fard des gaîtés de sa jeunesse, devant les imbéciles divers, nous le voulons bien ; mais, de lui à nous, cette pudeur empruntée à la chimie est hors de propos.

« Lorsqu’il vint offrir la Grisette et l’Étudiant, à l’administration du Théâtre de la rue de la Santé, Monnier avait passé la soixantaine.

« Lui-même fit parler les trois personnages de la comédie.

« Lui-même vint recevoir, avec l’im-per-tur-ba-bi-li-té cons-ti-tu-ti-on-nel-le du cabotin induré les fé-li-ci-ta-ti-ons des spectateurs idolâtres et vertueux, parmi lesquels on remarquait MM. Paul Féval, Paul Blaquière, alors mélancolique et poitrinaire (Théresa lui a depuis fait deux filles : La Vénus aux carottes et La Femme à Barbe. La mère et les enfants se portent bien). Charles Bataille, Edmond Duranty, Albert Glatigny, etc., etc., sur lesquels planaient visiblement les ombres de tous les rapporteurs éventuels du prix Monthyon.

« Le manuscrit autographe de M. Henry Monnier, dont nous sommes l’heureux possesseur, ne peut d’ailleurs laisser de doute sur le concubinage auquel cet égrillard funèbre s’est livré avec Mlle Musa, afin de procréer la Grisette et l’Étudiant.

« Voyons, Monnier, tu as vraiment tort de renier ton essai de comédie libre. Il te sera compté pour plus que les rengaines dont tu attristes les soupers où ta place est marquée comme auteur des Bas-Fonds ; — et il vaut mieux, mille fois, que ta pièce des Peintres et Bourgeois, faite en collaboration avec un commis-voyageur mis à pied, et qui a obtenu un four si funèbre, dedans l’Odéon, noir caveau !

« M. Monnier a donné deux représentations de la Grisette et l’Étudiant sur le Théâtre de la rue de la Santé.


Nous le jurons !
« Et il nie, le récidiviste ! »