Page:Apollinaire - L’Hérésiarque et Cie.djvu/14

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bagage quand il me plairait de rentrer en sa possession. Il me salua en retirant son disgracieux képi autrichien.

A la sortie de la gare François-Joseph, après avoir congédié les faquins, d’obséquiosité tout italienne, qui s’offraient en un allemand incompréhensible, je m’engageai dans de vieilles rues, afin de trouver un logis en rapport avec ma bourse de voyageur peu riche. Selon une habitude assez inconvenante, mais très commode quand on ne connaît rien d’une ville, je me renseignai auprès de plusieurs passants.

Pour mon étonnement, les cinq premiers ne comprenaient pas un mot d’allemand, mais seulement le tchèque. Le sixième, auquel je m’adressai, m’écouta, sourit, et me répondit en français :

— Parlez français, monsieur, nous détestons les Allemands bien plus que ne font les Français. Nous les haïssons, ces gens qui veulent nous imposer leur langue, profitent de nos industries et de notre sol dont la fécondité produit tout, le vin, le charbon, les pierres fines et les métaux précieux, tout, sauf le sel. A Prague, on ne parle que le tchèque. Mais lorsque vous parlerez français, ceux qui sauront vous répondre le feront toujours avec joie.

Il m’indiqua un hôtel situé dans une rue dont