Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/60

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tiquaient autréfois le rapt, et cette coutoume sourvit dans diverses localités.

« Ne nous appartient réellement que la femme que l’on a prise, celle que l’on a domptée.

« Sans rapt, point de mariage heureux.

« J’ai fait la cour à Maud. C’est elle qui m’a pris.

« Elle est libre et je veux reconquérir ma liberté. »

— Et comment cela ? lui demandai-je, étonné.

— Le rapt ! dit-il, avec un calme et une noblesse qui m’en imposèrent.

Les jours suivants, nous voyageâmes, Pablo Canouris et moi.

Il m’emmena en Allemagne et, pendant quelques jours, parut soucieux.

Je respectais sa douleur et sans plus songer au rapt le louais silencieusement d’essayer par l’absence d’oublier cette Maud qui l’enfiévrait jusqu’au désir de la mort.

Un matin, dans Cologne, au milieu de la Hohenstrasse, Canouris me montra