Page:Apollinaire - Le Flâneur des deux rives.djvu/102

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force de l’âge, il est brun, pas très grand, mais large d’épaules et bien campé sur ses jambes. Il s’enthousiasme facilement et rit encore plus volontiers, accompagnant ses récits de gestes à mains fermées.

Son ami, le cordonnier-philosophe, présente avec lui un contraste frappant. Il est très grand et très mince, ce qui, malgré ses cheveux blancs, lui laisse l’air très jeune. Son visage est plein de tranquillité. Un strabisme assez prononcé donne à son regard je ne sais quoi de lointain et de mystérieux. Il parle rarement et toujours avec bon sens, et, tandis qu’il écoute, on comprend qu’il suppute la valeur de ce qu’il entend, cependant qu’il s’efforce de juger son interlocuteur avec bienveillance. Ses vêtements, très propres, sont ceux d’un artisan, mais sa taille et sa tenue leur confèrent une véritable élégance. Il m’a rappelé aussitôt un de mes amis auquel il ressemblait beaucoup, René Dalize, le plus ancien de mes camarades.

Après les présentations, j’examinai avec mes deux confrères les coupures que venait de coller Michel Pons. Ensuite, je