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LES ONZE MILLE VERGES

Mony les laissa dormir et se mit à errer dans le camp. On annonçait un prochain combat avec les Japonais. Les soldats s’équipaient ou déjeunaient. Des cavaliers pansaient leurs chevaux.

Un Cosaque qui avait froid aux mains était en train de se les réchauffer dans la conasse de sa jument. La bête hennissait doucement ; tout à coup, le Cosaque réchauffé, se hissa sur une chaise derrière sa bête et sortant un grand vit long comme un bois de lance le fit pénétrer avec délices dans la vulve animale qui jutait un hippomane fort aphrodisiaque, car la brute humaine déchargea trois fois avec de grands mouvements de cul avant de déconner.

Un officier qui aperçut cet acte de bestialité s’approcha du soldat avec Mony. Il lui reprocha vivement de s’être livré à sa passion :

— Mon ami, lui dit-il, la masturbation est une qualité militaire.

Tout bon soldat doit savoir qu’en temps de guerre l’onanisme est le seul acte amoureux permis. Branlez-vous, mais ne touchez ni aux femmes ni aux bêtes.