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LES ONZE MILLE VERGES


plein de haine, animés par l’espoir de la vengeance, ils se mirent à fouetter cruellement l’officier qui les avait fait souffrir. Mony eut beau crier et se débattre, les coups n’épargnèrent aucune partie de son corps. Cependant, le Tatar craignant que sa vengeance sur un officier n’eut des suites funestes, jeta bientôt son knout, se contentant, comme la femme, d’une simple verge. Mony bondissait sous la fustigation et la femme s’acharnait à frapper surtout sur le ventre, les couilles et le vit du prince.

Pendant ce temps, le Danois, mari de la muette, s’était aperçu de sa disparition, car la petite fille réclamait le sein de sa mère. Il prit le nourrisson dans ses bras et fut à la recherche de sa femme.

Un soldat lui indiqua la tente où elle était, mais sans lui dire ce qu’elle y faisait. Fou de jalousie, le Danois se précipita, souleva la toile et pénétra dans la tente. Le spectacle était peu banal, sa femme ensanglantée et nue en compagnie d’un Tatar ensanglanté et nu fouettait un jeune homme.

Le knout était par terre, le Danois posa