Page:Apollodore - Bibliothèque (éd. Clavier), vol. 2.djvu/33

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qui les avoit eues de la nymphe Pimpléïs. On les nommoit Nilô, Tritoé, Asope, Heptapole, Achéloïs, Tipoplô et Rhodie. Quelques autres, suivant Arnobe (L. iii, p. 121), disoient qu’elles étoient au nombre de huit. Il paroit, à ce que dit Pausanias (L. ix, C. 29), que lorsque Otus et Ephialte, fils d’Aloés, introduisirent leur culte dans la Grèce, ils n’en reconnurent que trois, qu’on regardoit comme filles d’Uranus et de la Terre, et on les nomma Mélété, Composition ; Mnémé, Mémoire ; et Aœdé, Chant. Comme la mémoire étoit alors presque le seul moyen qu’on employât pour conserver la tradition des événemens, et que toutes les compositions étoient en vers, et par conséquent en musique (car la poésie et la musique furent long-temps inséparables) ; ces noms suffisaient pour personnifier les connoissances ; ces connoissances s’étant multipliées par la suite, on créa de nouvelles Muses pour y présider. Piérus fut, suivant Pausanias (L. ix, C. 29), le premier qui en porta le nombre à neuf, soit que cela lui eût été ordonné par un Oracle, soit que cette idée lui eût été suggérée par les Thraces ses voisins, qui étoient beaucoup plus avancés en connoissances que les Macédoniens, et qui surtout s’occupoient beaucoup plus de religion. Strabon (L. x, p. 722) pense comme Pausanias, que le culte des Muses venoit de la Thrace ; « on peut s’en convaincre, dit-il, par les lieux dans lesquels les Muses sont honorées ; Piérie, Olympe, Pimplée et Libéthre étoient anciennement des cantons, ou des montagnes de la Thrace qui sont maintenant occupées par les Macédoniens. Ce furent les Thraces qui habitoient la Bœotie, qui consacrèrent aux Muses l’Hélicon et