Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/143

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Syrie (9) la portant par les chemins, et dans les villes, au son de quelques instrumens. Cet homme ayant fort grande envie de m’acheter, s’informe au crieur de quel pays j’étois. Celui-ci lui répond, que j’étois de Cappadoce (10), et d’une assez bonne force. L’autre lui demanda ensuite quel âge j’avois ; certain astrologue qui a fait son horoscope, répond le crieur en raillant, nous a assuré qu’il avoit cinq ans ; mais cet animal le peut savoir lui-même mieux que personne, par la déclaration de sa naissance, que ses parens ont faite au greffe public. Et quoique je me rende coupable des peines portées par la loi Cornélia (11), si de dessein prémédité je vous vends un citoyen Romain pour un esclave, ne laissez pas d’acheter sur ma parole ce bon serviteur, il vous rendra beaucoup de services utiles, tant aux champs qu’à la maison.

Ce vilain homme qui me marchandoit, continua de lui faire un grand nombre de questions tout de suite, et lui demanda pour conclusion si j’étois bien doux : Ce n’est pas un âne, que vous voyez-là, lui répond le crieur, c’est un mouton prêt à faire tout ce qu’on veut, qui jamais ne mord, ni ne rue, et tel enfin qu’il semble qu’un homme modeste et paisible soit caché sous sa peau ; ce qui n’est pas difficile à connoître, et vous en ferez l’expérience aisément : vous n’avez qu’à mettre votre tête entre