Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/209

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Mais Philésitère étoit trop alerte sur les avantures de galanterie, pour n’être pas instruit de tous les charmes que cette femme possédoit. Cette haute réputation de vertu qu’elle avoit, et tous les soins qu’on prenoit pour la garder, ne servirent qu’à l’animer davantage. Il se mit en tête de ne rien négliger, et de s’exposer à tout pour en venir à bout ; et connoissant bien la fragilité humaine, et que l’or avoit la vertu d’abattre les portes les plus fortes, et d’applanir toutes les difficultés, il s’adresse à Myrmex qu’il rencontra seul heureusement ; il lui déclare la passion qu’il a pour sa maîtresse, et le conjure d’apporter quelque remède à son tourment, l’assurant qu’il étoit absolument résolu de mourir, si son amour n’étoit bientôt heureux. Au reste, lui disoit-il, dans une chose aussi facile que celle que je vous demande, vous n’avez rien à craindre, puisqu’il ne s’agit que de me faire entrer, à la faveur de la nuit, dans votre maison, où je ne resterai qu’un moment. Outre tout ce que Philésitère put lui dire pour le persuader, il se servit d’une puissante machine pour ébranler sa fidélité, il lui fit briller aux yeux sa main pleine de pièces d’or nouvellement fabriquées, lui disant qu’il lui en donneroit dix de tout son cœur, et qu’il en destinoit vingt pour sa maîtresse.

Myrmex fut épouvanté de la proposition d’un crime qui lui paroissoit si affreux, et s’enfuit sans vouloir rien entendre davantage. Cependant l’éclat