Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/211

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brillant de ces pièces d’or étoit toujours présent à ses yeux ; quoiqu’il en fût fort éloigné, et qu’il eût regagné sa maison au plus vîte, il croyoit toujours les voir, et il jouissoit en idée du gain considérable qu’on lui offroit. Ce malheureux étoit en proie à des sentimens opposés, qui le tourmentoient cruellement : d’un côté, il considéroit la fidélité qu’il devoit à son maître ; d’un autre côté, le profit qu’il pouvoit faire ; les supplices où il s’exposoit, lui revenoient dans l’esprit ; mais aussi quel plaisir auroit-ce été pour lui de posséder cet argent. A la fin, l’or l’emporta sur la crainte de la mort, et le temps ne diminuoit en rien l’extrême passion qu’il avoit de posséder cette belle monnoie. Sa maudite avarice ne lui donnoit pas même un moment de repos pendant la nuit, et malgré les menaces de son maître, elle lui fit oublier son devoir.

Ayant donc mis bas toute honte, il va trouver sa maîtresse, sans différer plus long-temps, et conte ce que Philésitère lui avoit dit. Elle ne démentit point la légereté qui est si naturelle à son sexe, et dans le moment, elle engage son honneur pour ce métal abominable. Ainsi Myrmex transporté de joie, et souhaitant, aux dépens de sa fidélité, recevoir et tenir en ses mains l’or qu’il avoit vu pour son malheur, va trouver Philésitère, et lui conte, qu’enfin, après bien des peines, il étoit venu à bout de ce qu’il souhaitoit. Il lui demande en