Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/225

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affaire fâcheuse, et l’assurant que son ennemi alloit expirer dans un moment par la violence du soufre qui l’avoit suffoqué, sans qu’il fût besoin de nous rendre coupables de sa mort. L’état où il le voyoit effectivement, plutôt que tout ce que je lui pouvois dire, a suspendu sa fureur ; en sorte qu’il a pris ce jeune homme qui étoit presque sans vie, et l’a porté dans une petite rue proche de chez lui. Pendant ce moment-là, j’ai conseillé à sa femme, et même je lui ai persuadé de sortir de la maison, et de se retirer chez quelqu’une de ses amies, jusqu’à ce que le temps eût un peu calmé la colère de son mari ; parce que je ne doutois point, que dans l’emportement et la rage où il étoit, il ne se portât à quelque extrêmité qui leur seroit funeste à l’un et à l’autre ; et cet accident m’ayant ôté l’envie de manger chez lui, je m’en suis revenu chez moi. Pendant le discours du meunier, sa femme, avec une hardiesse et une impudence sans pareille, chargeoit de temps en temps la femme du foulon de malédictions : O la perfide, disoit-elle, ô l’impudique ! ajoutant à la fin, qu’une telle créature étoit l’opprobre et la honte de tout le sexe, de s’être ainsi abandonnée, et d’avoir souillé la maison de son mari par une infâme prostitution, sans aucun égard pour les sacrés liens du mariage ; que, s’étant ainsi déshonorée, on ne pouvoit plus la regarder que comme une malheureuse ; elle alloit même jusqu’à