Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/245

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étonnement, qu’ils ne savoient par où commencer, ni ce qu’il étoit plus à propos de faire, pour appaiser la colère des Dieux, et quelles sortes de victimes, et en quelle quantité on devoit leur immoler. Pendant qu’ils étoient ainsi tous saisis d’une frayeur mortelle, on vit arriver un valet qui vint apprendre à son maître la perte et la désolation de toute sa famille.

Ce bonhomme avoit le plaisir de se voir trois fils déjà grands, qu’il avoit pris soin de faire bien instruire, et qui avoient une fort bonne éducation. Ces jeunes gens étoient en liaison d’amitié de tout temps avec un homme qui vivoit doucement dans un fort petit héritage qu’il possédoit. Cet homme avoit un voisin jeune, riche, puissant, et qui abusoit de la grandeur de sa naissance, dont les terres fertiles et de grande étendue étoient contigues à son petit domaine. Ce Seigneur ayant quantité de gens attachés à lui, et étant le maître de faire tout ce qu’il vouloit dans la ville, persécutoit son pauvre voisin en ennemi déclaré, lui faisant tuer ses bestiaux, emmener ses bœufs, et gâter tous ses bleds avant qu’ils fussent en maturité. Après qu’il l’eut ainsi privé de toute espérance de récolte, il eut encore envie de le mettre hors de sa terre, et lui ayant fait un procès sans fondement, pour les limites de son petit héritage, il s’en empara comme d’un bien qui lui appartenoit.