Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/287

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pouvant souffrir le moindre retardement à ses desirs, imagina quelques raisons, et persuada adroitement à son mari d’aller au plutôt à une de ses terres, qui étoit fort éloignée. D’abord qu’il fut parti, cette femme impatiente de remplir son espérance, sollicite son beau-fils de tenir la promesse qu’il lui avoit faite. Mais ce jeune homme alléguant tantôt une excuse, tantôt une autre, fait si bien qu’il évite de la voir, tant qu’enfin elle connut, à n’en pouvoir douter, par la contrariété des réponses qu’on lui faisoit de sa part, qu’elle ne devoit plus compter sur la parole qu’il lui avoit donnée ; ce qui changea tout d’un coup l’amour incestueux qu’elle avoit pour lui, en une haine encore plus détestable, et ayant appellé un ancien valet qu’elle avoit (2), homme capable de toutes sortes de crimes, elle lui communiqua ses pernicieux desseins, et ils conclurent ensemble que le meilleur parti qu’ils eussent à prendre, étoit de faire mourir ce malheureux jeune homme.

Ce scélérat va donc aussi-tôt, par l’ordre de sa maîtresse, acheter du poison d’un effet très-prompt ; et le prépare pour la mort du fils aîné de la maison, en le délayant avec soin dans du vin. Mais, pendant qu’ils délibèrent entre eux du temps qu’ils prendront pour lui donner cette boisson, le plus jeune des deux frères, le propre fils de cette abominable femme, étant de retour de ses études du matin, et ayant soif