Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/291

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qu’elle avoit résisté à tous les efforts qu’il avoit fait pour la séduire et la corrompre. Non contente de ces horribles mensonges, elle ajoute qu’il l’avoit menacée de la tuer avec son épée, parce qu’elle n’avoit pas gardé le silence sur ses infames poursuites.

Ce père malheureux se trouve pénétré d’une vive douleur de la perte de ses deux enfans. On ensevelissoit le plus jeune à ses yeux, et il savoit certainement que l’inceste et le parricide de l’aîné le feroient condamner à la mort ; outre que les feintes lamentations de sa femme, pour qui il avoit trop de foiblesse, l’engageoient à une haine implacable contre ce fils malheureux.

A peine avoit-on achevé la cérémonie des funérailles du jeune enfant, que son père, cet infortuné vieillard, part du bûcher (4) qui étoit préparé, et va à grand pas au Sénat, les yeux baignés de nouvelles larmes, et s’arrachant ses cheveux blancs, tous couverts de cendre. Il se présente devant les juges, et par ses pleurs et par ses prières, embrassant même les genoux des sénateurs, il leur demande avec insistance la mort du fils qui lui restoit, trompé par les artifices de sa détestable femme. C’est un incestueux, leur disoit-il, qui a voulu souiller le lit de son père, c’est un parricide qui a empoisonné son frère, et un meurtrier qui a menacé sa belle-mère de la tuer.