Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/31

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plutôt, ma dot que je vous apporte, et je m’offre d’être votre capitaine, si vous m’en jugez digne, vous assurant qu’avant qu’il soit peu, je convertirai en or cette maison qui n’est que de pierre (11).

Dans l’instant même, tous les voleurs, d’un commun consentement, l’élurent pour leur chef, et lui présentèrent un habit un peu plus propre que les leurs, afin qu’il s’en revêtît, et qu’il quittât ses vieux haillons. Dès que cela fut fait, il les embrassa tous l’un après l’autre ; ensuite on le mit à table à la place la plus honorable, et tous ensemble célébrèrent sa réception par un grand repas, où chacun but beaucoup (12). En causant tous de choses et d’autres, ils lui apprirent la manière dont la jeune fille s’étoit voulu sauver par mon moyen, et la mort affreuse qu’ils nous avoient destinée à l’un et à l’autre. Il leur demanda où étoit la fille ; ils l’y conduisirent, et l’ayant vue chargée de chaînes, il s’en revint avec un visage refroigné. Je ne suis pas, leur dit-il, assez mal avisé, ni assez téméraire pour m’opposer à ce que vous avez résolu ; mais je me croirois coupable, si je ne vous disois pas mon sentiment sur ce qui regarde vos intérêts. Permettez-moi donc, puisque c’est pour votre bien, de vous dire librement ce que je pense, d’autant plus que vous êtes toujours les maîtres de retourner à votre premier avis (13) si le mien ne vous plaît pas. Cependant je suis persuadé qu’il n’y a point de voleurs de bon sens qui doivent