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LES

MÉTAMORPHOSES:

ou

L’ANE D’OR D’APULÉE,

PHILOSOPHE PLATONICIEN,

LIVRE ONZIEME.


Un mouvement de frayeur m’ayant réveillé tout d’un coup à l’entrée de la nuit, j’apperçus la lune dans son plein, fort brillante, qui sortoit des flots de la mer. Comme je n’ignorois pas que la puissance de cette grande Déesse (1) est fort étendue, que toutes les choses d’ici-bas se gouvernent par sa providence, que non-seulement les animaux, mais même les êtres inanimés, ressentent les impressions de sa lumière et de sa divinité, et que tous les corps qui sont dans les cieux, sur la terre et dans la mer, s’augmentent ou diminuent, suivant qu’on la voit croître ou décroître (2) ; je pris l’occasion de la solitude et du silence de la nuit, pour adresser une prière à cette auguste Déesse, que je voyois briller dans les cieux, puisque la fortune, lasse de me persécuter, m’offroit enfin cette occasion qui me donnoit quelque espérance de voir finir ma misère. M’étant donc bien réveillé, je me lève promptement,