Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/43

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d’où nous venions, avec plusieurs chevaux et grand nombre de gens de la ville. J’y allois de fort bon gré ; car, outre que j’étois curieux naturellement, j’étois bien aise de voir prendre les voleurs, que nous trouvâmes encore plus enchaînés par le vin, pour ainsi dire, que par les cordes, dont ils avoient été liés. On tira hors de la caverne l’or, l’argent et toutes les hardes qui y étoient, qu’on nous chargea sur le corps ; ensuite on jetta une partie des voleurs, liés comme ils étoient, dans des précipices, et l’on coupa la tête aux autres avec leurs propres épées. Après cette vengeance, nous revînmes à la ville joyeux et contens. Toutes ces richesses que nous apportions furent déposées dans le trésor public. La fille fut à bon droit donnée en mariage à Tlépolême, qui venoit de la retirer des mains des voleurs. Dès ce moment-là, elle eut toujours beaucoup de soin de moi, ne m’appellant jamais autrement que son libérateur, et le jour de ses nôces, elle ordonna qu’on mît de l’orge tout plein dans ma mangeoire, et qu’on me donnât tant de foin, qu’un chameau en auroit eu suffisamment (19).

Cependant, quelles malédictions assez grandes pouvois-je donner à Fotis de m’avoir changé en âne plutôt qu’en chien, voyant quantité de ces animaux qui étoient bien saouls, et qui avoient fait bonne chère, tant des viandes qu’ils avoient dérobées, que des restes d’un repas magnifique. Le lendemain de