Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/439

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de lui avec empressement, il n’ignoroit pas ce que j’avois à lui dire, ayant été averti, de la même manière que je l’avois été, qu’il devoit m’initier dans les sacrés mystères, et la nuit précédente au milieu de son sommeil, il lui avoit semblé que, pendant qu’il faisoit des couronnes pour le grand dieu Osiris, il lui avoit entendu dire, de cette même bouche, dont il prononce les destins de tous les mortels, qu’il lui envoyoit un citoyen de Madaure, fort pauvre, à la vérité ; qu’il falloit cependant qu’il le reçût, sans différer, au nombre de ceux qui sont consacrés au service de sa religion ; que, par sa providence, il feroit acquérir à cet homme une grande réputation du côté des sciences, et que, pour lui qui le devoit initier, il lui procureroit un gain considérable.

Etant ainsi désigné pour être reçu dans les sacrés mystères d’Osiris, j’en différois, malgré moi, la cérémonie, n’étant pas en état d’en faire les frais ; car mes voyages avoient consommé le peu de bien que j’avois, et les frais que j’étois obligé de faire à Rome pour entrer dans cette religion, étoient bien plus considérables que ceux que j’avois faits dans la province pour être reçu prêtre d’Isis. Ma pauvreté mettant donc un obstacle à mes desirs, je souffrois une peine incroyable dans cette cruelle situation (35).

Cependant le Dieu me pressoit souvent