Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/471

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les hommes pour réprimer la férocité des méchans, rendre la santé aux malades, et secourir ceux qui sont dans la nécessité. Aucun Dieu, dites-vous, ne se mêle des choses humaines. A qui donc adresserai-je mes prières ? à qui ferai-je des vœux ? à qui immolerai-je des victimes ? qui invoquerai-je dans tout le cours de ma vie, comme le consolateur des malheureux, l’ami des bons et l’ennemi des méchans ? Enfin, qui prendrai-je à témoin de mes sermens ? dirai-je, comme Iülus, dans Virgile : Je jure par cette tête, par laquelle mon père faisoit ordinairement son serment[1] ! Mais Iülus, Enée, votre père, pouvoit bien jurer ainsi parmi les Troyens ses compatriotes, et peut-être même parmi les Grecs qu’il connoissoit par les batailles où il s’étoit trouvé contre eux ; cependant, si, entre les Rutulois qu’il n’y a pas long-temps que vous connoissez, il ne s’en trouve aucun qui ajoute foi au serment que vous faites sur cette tête, quel Dieu répondra pour vous ?

  1. L.9 de l’Enéide.