Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/32

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science, du Père, qui est sagesse. Le Verbe de Dieu, Fils unique du Père, est donc semblable et égal à son Père en toutes choses ; car il est tout ce qu’est le Père, il n’est cependant pas le Père, parce que l’un est le Fils, et l’autre le Père. Le Fils connaît tout ce que connaît le Père, puisqu’il reçoit du Père la connaissance en même temps que l’être. Connaître et exister sont ici une seule et même chose ; et ainsi le Fils n’est point pour le Père le principe de la connaissance, parce qu’il n’est pas pour lui le principe de l’existence. C’est donc en s’énonçant lui-même, que le Père a engendré le Verbe qui lui est égal en toutes choses ; car il ne se serait pas énoncé dans toute son intégrité et dans toute sa perfection, si son Verbe lui était inférieur ou supérieur en quelque chose. N’hésitons pas à considérer quelle distance sépare de ce Verbe divin notre verbe intérieur, dans lequel nous trouvons cependant quelque analogie avec lui. Le verbe de notre intelligence ne reçoit pas immédiatement sa forme définitive, c’est d’abord une idée vague qui s’agite dans l’intérieur de notre âme, et qui est le produit des différentes pensées qui se présentent successivement à notre esprit. Le verbe véritable n’existe, que lorsque de ces pensées qui s’agitent et se succèdent dans notre âme, naît la connaissance qui donne à son tour naissance au verbe, et ce verbe ressemble en tout à cette connaissance ; car la pensée doit nécessairement avoir la même nature que la connaissance dont elle est le produit. Qui ne voit quelle différence extrême dans le Verbe de Dieu, qui possède la forme et la nature de Dieu sans l’avoir acquise par ces divers essais de formation, sans qu’il puisse jamais la perdre, et qui est l’image simple et consubstantielle du Père ? C’est la raison pour laquelle l’Evangéliste l’appelle le Verbe de Dieu, plutôt que la pensée de Dieu ; il ne veut pas qu’on puisse supposer en Dieu une chose qui soit soumise au changement,