Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/327

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Père ; se servirait-il du Verbe pour parler au Verbe ? Ou bien, comme le Fils est la parole par excellence du Père, faut-il admettre entre le Père et le Fils un échange de paroles d’un ordre inférieur ? Peut-on supposer qu’un son créé et passager est sorti de la bouche du Père pour aller frapper l’oreille du Fils ? Eloignez toute image corporelle, ne voyez ici que la simplicité, si vous-même vous êtes simple. Si vous ne pouvez comprendre ce que c’est que Dieu, comprenez du moins ce qu’il n’est pas : vous aurez beaucoup gagné, si vous n’avez pas sur Dieu des pensées contraires à sa nature divine. Considérez dans votre âme une image de la vérité que je veux vous expliquer. Dans votre âme je vois la mémoire et la pensée. Votre mémoire présente la ville de Carthage à votre pensée et montre à votre intelligence attentive ce qui existait dans Carthage avant que votre attention se tournât de ce côté. Voilà donc tout à la fois et la démonstration de la mémoire, et la vue de l’intelligence, et tout cela sans aucun échange de paroles, sans qu’on ait fait usage d’aucun signe extérieur ; et cependant tout ce que vous possédez dans votre mémoire, vous l’avez reçu du dehors. Le Père au contraire n’a point reçu du dehors ce qu’il montre au Fils, tout ici se fait à l’intérieur ; car aucune créature n’existerait au dehors, si elle n’avait reçu l’existence du Père par le Fils, et c’est en la montrant à son Fils que le Père l’a créée, parce qu’il l’a créée par son Fils au même moment qu’il la voyait. Le Père engendre donc la vision du Fils, de la même manière qu’il engendre le Fils, et c’est la démonstration