Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/371

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Créateur de toutes choses, il n’aurait eu aucun doute sur l’étendue de sa puissance. — S. AUG. (de l’acc. des Evang. 2, 46.) Saint Marc prête à tous les disciples la réponse que saint Jean attribue exclusivement ici à Philippe. Mais on peut dire que ce dernier évangéliste laisse à comprendre que Philippe répondit au nom des autres apôtres, quoiqu’il ait pu, en se conformant à l’usage beaucoup plus reçu, mettre le pluriel à la place du singulier.


THEOPHYL. Les sentiments d’André étaient à peu près semblables à ceux de Philippe, bien qu’il eût sur Jésus-Christ des pensées plus élevées : « André, frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune homme qui a cinq pains d’orge et deux poissons. » — S. Chrysostome : (hom. 42.) Ce n’est pas sans raison qu’André tient ce langage, il se rappelait le miracle qu’avait fait le prophète Elisée qui avait multiplié vingt pains d’orge pour nourrir cent personnes. (4 R 4, 42-44.) Il lui vint donc dans l’esprit une idée un peu plus élevée, mais qui n’alla pas encore bien loin, comme l’indique la réflexion qu’il ajoute : « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Il s’imaginait que celui qui opérait des miracles, les faisait plus ou moins grands, selon les éléments plus ou moins considérables qu’il avait à sa disposition, ce en quoi il se trompait. Il lui était aussi facile de nourrir une grande multitude avec quelques pains comme avec un plus grand nombre, parce qu’il n’avait nul besoin d’une matière préalable. Si donc il consent à se servir des éléments créés pour opérer ses miracles, c’est pour montrer que les créatures sont régies par sa providence pleine de sagesse. THEOPHYL. Ainsi sont confondus les Manichéens qui prétendent que