Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/79

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transformé en chair, il s’est fait chair comme notre parole se fait voix. — CONS. D’EPH. La parole qui sort de nos lèvres et dont nous faisons usage dans nos rapports avec les autres hommes, est une parole incorporelle qui n’est sensible ni à la vue, ni au toucher ; mais lorsqu’elle s’est comme revêtue de lettres et de formes extérieures, elle devient visible et accessible à la vue comme au toucher. De même le Verbe de Dieu qui, par sa nature, est invisible, est devenu visible ; il est incorporel aussi par sa nature, et il a pris un corps accessible au toucher. — ALCUIN. (Liv. 1, chap. 1, sur S. Jean.) Ces paroles : « Le Verbe s’est fait chair, » ne doivent pas s’entendre dans un autre sens que celui-ci : Dieu s’est fait homme en prenant un corps et une âme. De même que chacun de nous est un composé d’un corps et d’une âme qui ne forment qu’un seul homme ; ainsi Jésus-Christ, depuis son incarnation, ne fait qu’une seule personne formée de la divinité, d’un corps, et d’une âme. La divinité du Verbe a daigné s’unir à cette nature humaine qu’elle avait choisie spécialement pour qu’elle devînt une seule personne en Jésus-Christ. La nature divine n’a subi dans cette union aucune altération, aucun changement, elle s’est simplement unie à la nature humaine qu’elle n’avait pas auparavant. (Liv. 3, de la foi en la Trin., chap. 9.) C’est une vérité incontestable que le Fils de Dieu a pris, non pas la personne, mais la nature humaine pour l’unir à sa personne divine et éternelle ; l’homme a comme passé en Dieu, non point par un changement de nature, mais par son union avec la personne divine. Il n’y a donc point deux Christs, il n’y a qu’un seul Christ, Dieu et homme tout à la fois. (Liv. 1, cont. Félix d’Urgel.) Cette union du Verbe avec la chair est tellement ineffable, que pour l’exprimer, nous disons que le Verbe s’est fait chair, quoique