Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/458

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S. AUG. Mais si on ne peut le toucher alors qu’il est sur la terre, comment les hommes pourront-ils le toucher lorsqu’il sera remonté dans le ciel ? D’ailleurs, avant de remonter dans le ciel, n’a-t-il pas engagé lui-même ses disciples à le toucher, en leur disant : « Touchez et voyez qu’un esprit n’a ni chair ni os, » ainsi que le rapporte saint Luc. (Lc 24) Or, qui donc oserait pousser l’absurdité jusqu’à dire qu’à la vérité il a consenti à être touché par ses disciples avant de remonter vers son Père, mais qu’il n’a voulu être touché par des femmes que lorsqu’il serait remonté dans le ciel ? Mais ne voyons-nous pas que les femmes elles-mêmes, parmi lesquelles était Marie-Madeleine, ont touché le corps du Sauveur après sa résurrection, avant qu’il fut remonté vers son Père, comme le raconte saint Matthieu : « Et voilà que Jésus se présenta devant elles et leur dit : Je vous salue. Elles s’approchèrent, et, embrassant ses pieds, elles l’adorèrent. » (Mt 28, 8.) Il faut donc entendre cette défense dans ce sens que Marie-Madeleine était la figure de l’Église des Gentils, qui n’a cru en Jésus-Christ que lorsqu’il fut remonté vers son Père. On peut dire encore que Jésus a voulu que la foi qu’on avait en lui, foi par laquelle on le touche spirituellement, allait jusqu’à croire que son Père et lui ne faisaient qu’un. Car celui qui a fait en lui d’assez grands progrès pour reconnaître qu’il est égal à son Père, monte en quelque manière jusqu’au Père par les sentiments intérieurs de son âme. Comment, en effet, la foi de Madeleine en Jésus-Christ n’aurait-elle pas été charnelle, puisqu’elle ne le pleurait encore que comme