Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XXVIII

MÉFAITS D’UN HABIT NOIR


Un matin, comme j’achevais ma toilette, j’entendis des souliers craquer, des souliers de dévote, et la tante Nanon entra :

— « Jean-des-Figues, me dit-elle joyeusement scandalisée, viens vite, Jean-des-Figues ! Elle est sur la terrasse du bras-d’Or.

— Qui cela, tante Nanon ?

— Tu ne sais donc pas ?… la Parisienne !… qui est débarquée par la dernière diligence… tout Canteperdrix ne parle que d’elle. » Et levant au ciel ses petits yeux gris pétillants de pieuse malice, la tante Nanon s’écria :

— « Jésus ! Marie ! ! Joseph ! ! ! elle fume des cigarettes… »

Il faut dire, pour expliquer ceci, que la pauvre demeure paternelle ayant été jugée indigne d’un aussi grand homme que moi, on m’avait bon gré mal gré installé chez la tante Nanon, que sa haute dévotion, six cents francs de solides rentes, deux