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III

SOUVENIRS D’ENFANCE


En attendant, je ne faisais rien ou pas grand-chose de bon. Comment ai-je appris à lire ? Je l’ignorerais encore si l’on ne m’avait dit que ce fut rue des Clastres, au troisième étage, dans l’ancien réfectoire d’un couvent, où M. Antoine, mort l’an passé, tenait son école, et j’ai besoin de descendre bien avant dans mes souvenirs pour retrouver la vague image — si vague que, parfois, elle me semble un rêve — d’une grande salle blanche et voûtée, pleine de bancs boiteux, de cartables et de tapage, avec un vieux bonhomme brandissant sa canne sur une estrade, et descendant parfois pour battre quelque pauvre petit diable ébouriffé, qui restait après cela des heures à pleurer en silence et à souffler sur ses doigts meurtris.