Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
FRIQUETTES ET FRIQUETS

mon pays… J’en péchâmes-t-y autrefois, le long des rus, entre les cailloux… Mais voilà tantôt ben quinze ans que je n’en avais eu rencontre… »

Puis il cessait de contempler l’écrevisse pour regarder à l’horizon ; et devant ses yeux humides un peu flottait comme une vision de rivières aux flots menus courant, claires, parmi les roches. « Faut encore, ajoutait le jardinier, faut encore, si vous voulez que l’écrevisse reste, mettre de la viande dans son bassin. L’écrevisse est friande de viande crue. Faute de quoi, elle s’en irait ailleurs chercher pâture ; et ça vous en fait du chemin, ah ! mais oui, une fois partie. »

On octroya donc à l’écrevisse un notable morceaux de mou prélevé sur la part du chat ; et, la nuit étant survenue, on attendit au lendemain.

Le lendemain matin, plus de mou, mais aussi hélas ! plus d’écrevisse.

J’étais inquiet, comme bien on pense ; le jardinier me rassura : « Elle aura mangé son mou cette nuit, c’est l’habitude à ce bestiaux, puis se sera fourrée sous les herbes, dans quel-