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LES DEUX CASQUETTES

C’est ainsi que m’aimait Nyssia, sans que rien, je me hâte de l’attester, pût dans mes façons d’être justifier son choix et l’inexplicable honneur qu’elle daignait me faire.

Généreux par principe avec le beau sexe, j’avais toujours soin, sous le premier prétexte venu, de peupler de quelque monnaie sa bourse trop généralement vide. Mais à chaque fois Nyssia paraissait étonnée, et, dans ses yeux vicieux et bons, je lisais comme un doux reproche.

D’une enfance relativement ténébreuse, Nyssia conservait des goûts canailles qui me charmaient.

Pour jouir de sa surprise, comme quelqu’un à qui pour la première fois on montrerait la mer, et voulant l’initier aux raffinements, peu sardanapalesques d’ailleurs, de l’orgie moderne, j’essayai plusieurs fois de l’amener souper en cabinet après une soirée au théâtre.

Le théâtre la fit bâiller.

Le souper la vit indifférente devant ses tentures et ses dorures, et les jeux des lumières dans les cristaux plus blancs aux reflets de la nappe blanche.