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MOIS ALCYONIENS

Cependant Mariette a l’air de se calmer ; seulement je ne m’y fie point.

Au vacarme de tout à l’heure, succède un effrayent silence, précurseur de fureurs nouvelles.

Cruellement, obstinément, l’œil de Mariette maintenant se fixe sur le revers de mon veston. Mariette reste un instant digne, ironique et résignée.

Puis, mue comme par un subit ressort, elle se dresse, tend la main vers moi, semble désigner quelque chose.

Ma foi ! tant pis, je vais savoir.

Sensation de deux doigts crispés cueillant quelque chose sur le drap ; entre ces doigts, un mince filet d’or qui reluit ; et la tempête reprenant par des mots d’atroce triomphe :

— « Ne niez pas ; un cheveu blond ! Vous êtes allé chez des femmes… — Un cheveu, ça ? mais, Mariette… »

Je regarde et me mets à rire : ce n’était qu’un poil de Brennus.

Ne crois pas, néanmoins, que Mariette ait désarmé. Jamais femme en train d’être jalouse et surtout convaincue d’avoir tort, ne désarme.