Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/341

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au milieu de paniers et d’instruments de jardinage.

Ce que nous aimions encore mieux, le séjour idéal qui, en tout temps, nous attirait, c’était au bas du pré, dans la falaise caillouteuse, de dix mètres à pic, sous laquelle, à travers une plaine de galets luisants, la Durance roule ses eaux brunes, c’était, creusée dans l’escarpement et murée sauf un petit trou, une mystérieuse logette.

Un grand lierre la recouvrait, et recouvrait aussi le bassin d’une fontaine presque toujours tarie, soit faute d’entretien suffisant, soit que les propriétaires l’eussent captée au profit de la source du haut du pré.

Cette logette, disait-on, avait dans les temps anciens — au temps des consuls — servi d’asile à un lépreux. Aussi les gens s’en écartaient-ils instinctivement, et nous-mêmes, à vrai dire, les jours d’école buissonnière, ne nous glissions pas sans quelque appréhension par son unique ouverture. Mais le lierre avait de si belles grappes bleues ; le figuier poussé à côté dans une crevasse donnait deux fois par an des figues si grasses et si douces ;