Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/126

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Et Peu-Parle se tait énormément, avec délices, passant ses heures, comme la première fois où je le rencontrai, près du rocher de la Chèvre, toujours assis à la même place, toujours l’œil fixé sur le même point.

Les gens prétendent que Peu-Parle a le secret.

C’est pour cela que chaque matin, hiver comme été, il monte là-haut, et qu’on le voit, des journées entières, couver du regard un endroit connu de lui seul, retraite de la Chèvre fée.

Peu-Parle, s’il voulait, serait riche comme un Crésus. Il ne veut pas, l’idée lui suffit. Gardien jaloux d’un trésor qu’il dédaigne, refusant d’y toucher, craignant d’en laisser approcher les autres, il vit ainsi depuis quarante ans, heureux, déguenillé, avec son rêve et sa chimère.

Peu-Parle passe pour sorcier ; les vieilles femmes qui s’en vont couper les lavandes, ont vu la nuit, quand il garde après le soleil couché, des formes étranges se promener devant son feu.

Les hommes, même courageux, n’aiment