Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/131

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veux pas, sur de chimériques espérances, m’établir soupirant d’une petite villageoise.

Car elles sont bien chimériques, ces espérances ! et je m’amuse fort, moi-même, d’analyser l’étrange travail qui, en raison de l’isolement où je vis, s’est peu à peu fait dans mon âme.

Eh quoi ! parce qu’un matin de désœuvrement, l’idée m’est venue de consacrer aux Arabes de Provence une étude plus ou moins érudite ; parce qu’il me plaît de rechercher les traces légères que leur passage a pu laisser dans le pays ; parce que, le jour de mon arrivée, les nuages de l’air surchauffé, la grisante odeur des résines et des lavandes m’ont donné, l’espace de quelques secondes, une hallucination, suite naturelle d’un rêve ; et parce que Misé Jano l’ayant perdue, j’ai ramassé une clochette inscrite de caractères qui me parurent curieux, voici que, depuis un grand mois, plus crédule qu’un paysan, plus visionnaire qu’un berger, je perds mon temps à chercher les moyens de conquérir, au fond de la caverne que garde sans doute un dragon, les richesses du roi de Majorque !