Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La campagne du corail terminée, patron Ruf, après avoir embrassé sa femme en passant devant la petite Camargue, avait dû pousser jusqu’à Nice pour y négocier, au nom de la confrérie, le produit de la pêche faite en commun.

Il s’était rencontré là, suivant l’usage, avec de certains marchands génois qui achètent le corail brut pour les fabriques et logent d’ordinaire dans un cabaret de la vieille ville, à l’enseigne de l’Antico limon verde.

— « Dieu vous préserve, monsieur, de ces auberges italiennes ! Ça sent le fromage et c’est épais de mouches. Mais il faut en passer par là lorsqu’on veut vendre aux Génois. »

Quoi qu’il en soit, l’affaire s’était conclue, et patron Ruf, l’argent serré dans sa saquette, s’apprêtait à partir après l’obligatoire tournée d’asti spumante, « un pauvre petit vin qui fait des embarras et ne vaut pas notre bon clairet de cassis ! » quand, venant d’une table, dans l’enfoncement le plus sombre, il entendit des mots, des fragments de conversation qui lui firent dresser l’oreille.

Quelque chose de louche se tramait. On parlait de M. Honnorat, du Puget-Maure ; mon