Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/159

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— « Vos fleurs sont belles, je les aime ; mais j’en sais de plus belles que les vôtres.

— Plus belles ?

— Les fleurs de la Reine ! Vos fleurs ne sont que fleurs de montagne. Les miennes sont du jardin féerique qu’une princesse venue d’Orient avait autour de son château.

« Aux veillées d’hiver où, un galet sur les genoux, un autre galet pour marteau, les filles, en chantant, cassent l’amande amère, vous pourriez entendre raconter à ce propos, par les paysans braconniers et les paysannes ramasseuses de litière et de feuilles mortes, des choses tout à fait surprenantes.

« Du jardin redevenu lande, du logis admirable autrefois, on ne voit plus qu’un grand rempart noir, et, çà et là, des pierres tombées. Mais, aussitôt les beaux jours parus, sous le vieux rempart, entre les vieilles pierres, poussent des fleurs comme personne n’en a vu, à coup sûr descendantes de celles qu’avait la reine en son jardin, et dont là-haut, tout près du ciel, la race s’est perpétuée.

— Et c’est bien haut, là-haut, près du ciel ?

— Très haut ! reprit Norette sérieuse, plus