Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/17

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supportable. Je ne rappelle que pour mémoire une fortune fort ébréchée sans même que je puisse me donner l’excuse de quelque honorable folie.

J’avais très distinct le sentiment de cela, il y a un instant, dans l’éternelle chambre d’hôtel banale et triste, en écoutant l’horloge de la ville sonner.

Par une rencontre qui n’a rien de singulier, cette horloge, au milieu de la nuit, sonnait l’heure de ma naissance, cependant qu’à défaut de calendrier, un bouquet d’anniversaire, envoi d’une trop peu oublieuse amie, me disait avec une cruelle douceur le chiffre de mes quarante ans… Ne serait-ce point la cloche d’argent du palais d’Avignon, au même tintement grêle et clair, qui ne sonnait qu’à la mort des papes ?

Il me semble qu’en moi quelque chose vient de mourir.

À quoi me résoudre ? M’établir pessimiste ? Non pas, certes ! J’aurais trop peur de ta bien portante raillerie.

Après tout, je ne suis plus riche : mais il me reste de quoi vivre libre. Je ne suis plus jeune : mais il y a encore une dizaine de belles années