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LE VOL

et pendant deux nuits, ce qui m’humilie un peu, rien n’arrive. Mais à la troisième nuit, sur les onze heures, le village étant endormi, j’entends tout à coup, dans l’écurie, au fond du couloir, l’âne braire.

Puis une porte grince, des pas sourds montent l’escalier ; et, de ma fenêtre ouverte sur le jardin, j’aperçois Galfar qui, faisant un geste de la main, comme pour arrêter des gens qui le suivent, applique son oreille aux volets du rez-de-chaussée où dort Saladine.

— « Allez, murmure-t-il, et pas de bruit ! je reste ici en sentinelle, pour le cas où elle se réveillerait. »

Évidemment, les Piémontais ont mission de dévaliser la chambre de Norette ; c’est eux qui forceront la porte. Galfar se contente d’ordonner, étant de trop bonne famille pour s’abaisser à ces métiers.

Si je lui envoyais une balle, comme remerciement de son double coup ?

Soudain, d’en bas, un cri s’élève :

— « Oh ! Saladine… oh ! des Gazan…

— Oh ! du four… » répond Saladine, d’une voix encore ensommeillée.