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CONVALESCENCE

Ganteaume ressent une telle joie d’être reconnu et appelé de son nom : « Ganteaume ? » qu’il s’en va pleurer dans un coin.

Saladine, maintenant que me voilà hors de danger, médit du médecin et, pour me guérir tout à fait, invente chaque jour quelque potion nouvelle, composée d’herbes par ses mains cueillies, inoffensives en tout cas.

M. Honnorat, sacrifice énorme ! s’abstient quelquefois de fumer et, pendant des demi-heures, il s’installe à mon chevet, contant pour la cinquantième fois ses voyages.

L’abbé ne m’en veut pas trop, quoique déçu ! Il comptait en effet envoyer au ciel, avec viatique de première classe, mon âme, une âme de savant qui devait là-haut lui faire honneur.

— « Que diantre voulez-vous, avoue-t-il avec son ingénuité paysanne, chacun a son amour-propre, et des occasions pareilles ne se rencontrent pas souvent au Puget. »

Tout le monde s’est mis à m’aimer. Les pires ennemis que m’avait faits la Chèvre d’Or, s’inquiètent et demandent de mes nouvelles au four, chez le barbier, à la fontaine, et notre rancunière Saladine prend plaisir à les rudoyer.