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LA CHÈVRE D’OR

rette plus que les autres. Mais patron Ruf prend pitié de moi ; il me relève de mes fonctions de pécheur et me confie la fiole à huile.

La brise s’est levée, la mer commence à rire, et l’on voit trouble au fond de l’eau. Avec une barbe de plume, suivant l’immémorial usage que les Provençaux tiennent des Grecs, j’asperge de quelques gouttes d’huile les vagues autour de la barque. L’huile s’étale, les vagues s’effacent, et la mer, au milieu des flots remués, redevient, sur un espace de quelques pieds, unie comme une glace légèrement irisée.

Des oursins, et puis des oursins ! Les douzaines succèdent aux douzaines. Enfin patron Ruf dépose sa lance, allume une pipe et déclare qu’en voilà de reste et qu’il se fait temps de déjeuner.

Neuf heures, le soleil est déjà haut. On débarque, on s’installe à l’ombre sous une roche grise et lavée que parsèment des aiguilles de pin.

Là-bas, au loin, par delà le golfe, la côte arrondit sa noble ligne entre la mer d’azur et les Alpes violettes dentelées de neige. Paresseuse, la mer soupire. Les pins répondent à la mer.