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JOURNÉE DE JOIE ET SOIR DE DEUIL

désormais plus mou que l’amadou, résister à la dent vorace des invisibles ennemis qui, de tous côtés, s’abattent sur lui ? Aussi l’oïdium, le Milo-Diou, le phylloxéra, que sais-je encore, ont raison de cette proie facile. « Rendons à la vigne des moelles fermes, une dure écorce, rien de tout cela n’y mordra plus ! » Théorie d’une simplicité vraiment lumineuse !

M. Honnorat, par patriotisme, répugne à l’emploi des plants d’Amérique, lesquels, d’ailleurs, ne produisent qu’un faux vin. M. Honnorat sèmera des pépins de grappes françaises choisies parmi les meilleurs crus. L’angle du jardin, chaud comme une serre, est déjà tout en plates-bandes. Il faudra peut-être cinq ans, dix ans, avant que ces pépins aient convenablement racine. Qu’importe ? la mère des jours n’est pas morte.

En attendant, pour occuper son impatience, M. Honnorat dirige une escouade de paysans dont la mission est d’arracher avec soin, sans offenser le chevelu, au fond des vallons, sous les taillis, tout pied de labrusque emmêlant, aux branches d’un pin ou d’un chêne, ses flexibles sarments chargés de raisins aux grains me-