Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/92

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— « Choisir ce Galfar, si c’est Dieu possible ! »

Ce Galfar, à première vue, ne me paraît pas précisément un méchant diable. Pourtant, s’il faut en croire la rancunière Saladine, j’aurais tort de me fier aux apparences.

C’est un mange-tout, un songe-fêtes, le digne fils des vieux Galfar, riches jadis, mais prodigues, tenant maison ouverte, et sous prétexte de cousinage, tout le monde est cousin quand on cherche ! logeant et nourrissant des mois entiers les premiers venus.

— « Une fois, chez eux, du temps de l’arrière-grand-père, il y eut pour le souper de Noël quarante-deux personnes à table, quinze peaux de brebis encadrant le rond du portail ; et des personnes se souviennent avoir vu sur leur perron, du jour de l’an à la Saint-Sylvestre, une table couverte d’une nappe blanche avec un verre et une cruche de vin, aussitôt vidée, aussitôt remplie, gratis, à la disposition de qui avait soif et passait.

« En la gouvernant ainsi, une fortune est vite fondue, surtout quand les procès arrivent.

« L’une après l’autre, peu à peu, toutes les terres se vendirent, et maintenant les Galfar