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LA GUEUSE PARFUMÉE.

— battait de l’aile dans la tempête. Un homme se tenait à la barre ; le reste de l’équipage, deux hommes en tout, buvaient et trinquaient dans la cabine relevée en bosse sur le pont. Toutes les fois qu’il y a gros temps, les marins trinquent.

— A ton roman nautique ! disait l’un.

— A ta grande symphonie maritime ! disait l’autre.

— Aux mots goudronnés que tu collectionnes !

— Aux bruits de tempêtes que tu noies !

— Mettons à sec, puisque la prudence ordonne de délester le navire, cette vieille dame-jeanne vêtue d’osier tressé.

— Et laissons Fabien constater une fois de plus que la Méditerranée n’est pas bleue.

Soudain, Fabien, l’homme de la barre, cria :

— Terre !

— Quelle terre ?

— Antibes.

— Cap sur Antibes !

— Vous savez bien que je ne sais pas barrer, répondit Fabien.

— Trébaste, va barrer pour cet imbécile de peintre, dit au romancier le musicien qui lui-même s’appelait Miravail.

Arrivé sur le pont, Trébaste à son tour s’écria :

— Miravail, viens voir ! Miravail, jamais nous ne pourrons entrer dans Antibes.

— Et ça ?